Tracklist
1. Rester Seul (Introduction) (Apocalypse) 2. Qu'est-ce que tu deviens ? 3. Mangeur de pierres (Légadulabo) 4. Les Rêves partent en fumée (Apocalypse/Cyanure) 5. Ma Mort (Fredy K feat. Oxmose) 6. Tuer ou mourir (Légadulabo) 7. Heptagone 8. Tricher (Antilop SA) 9. J'Fuck (Interlude) (Maximum de Phases) 10. 20 ans (Cyanure) 11. Méfie-toi (Apocalypse) 12. Intro (Burning Zone) (Maximum de Phases/Antilop SA) 13. Burning Zone (Maximum de Phases) 14. Intro (Pas de vie sans haine) (Axis) 15. Pas de vie sans haine (Apocalypse feat. Oxmose) 16. Sortie de l'ombre (Maximum de Phases/Légadulabo) 17. 7è sens (Test) 18. L'affaire Hot Dog (Outro) (Légadulabo)
Album sorti en 1998, marquant le nouveau format du collectif, passant de 21 à 7 membres. Ils sont répartis en trois sous-groupes, Apocalypse (Axis et Antilop SA), Maximum de Phases (Test et Fredy K), Légadulabo (Cyanure et Freko Ding), et un DJ, DJ Tacteel. Le collectif est réuni sur seulement deux morceaux ("Qu'est-ce que tu deviens ?" et "Heptagone"), le reste de l'album étant interprété par un artiste seul, ou un voire deux groupes.
La plupart des titres sont assez tristes, traitant de sujets divers comme le constat d'"un monde à la dérive" auquel on doit faire face (l'intro "Rester Seul"), les amitiés qui se sont défaites et pourtant qu'on peut regretter ("Qu'est-ce que tu deviens ?"), la perte des rêves de l'enfance quand on grandit ("Les rêves partent en fumée"), la perspective des mauvaises rencontres à chaque pas qu'on peut faire ("Tuer ou mourir"), la difficulté de vivre honnêtement sans se mentir à soi-même ("Tricher"), ce que peut représenter l'âge de 20 ans pour quelqu'un (traité par Cyanure sous trois différents points de vue, correspondant à trois couplets), une vision pessimiste (trop pour moi) sur le sexe opposée ("Méfie-toi"), une nature humaine comportant à la fois le meilleur et le pire ("Pas de vie sans haine").
Cependant, il reste quelques morceaux qui sont bien plus dynamiques, que ce soit dans le beat ou dans le thème.
Dans "Mangeur de pierres", on a affaire à la voix hargneuse de Freko crachant sa rage contre le manque de maille, ce qui ne l'empêche d'entrecouper ses couplets de notes d'humour "J'préfère avoir comme repas des cailloux que de faire le pitre en costard pour un patron toujours en colère".
"Ma Mort" n'est pas très remuant dans le rythme ou la musique, mais c'est une autre histoire avec les lyrics de Fredy K, qui nous signe ici un morceau bad boy qui profite de la vie "pour l'instant vivant, je fais ce qu'il me plaît bébé", et qui s'insurge contre un show bizness dans lequel il refuse d'entrer. C'est par ailleurs une bonne occasion de découvrir les phases de bâtard que ce rappeur a pu nous pondre, tel le légendaire "mon style a tellement de formes que plus d'un homme se taperait des queues". Aujourd'hui il a quitté ce monde, et il faut espérer qu'il a bien profité de sa vie, RIP FREDY K.
Le morceau éponyme de l'album est un égotrip permettant de présenter le collectif sur une prod énergique, chacun posant sa propre marque, sa propre technique ; cela illustre bien toute l'étendue des styles des artistes qui sont réunis sur le somor, différents mais pourtant complémentaires et unis (d'ailleurs, les groupes sont complètement éclatés et répartis de chaque côté du refrain du milieu, soit Freko Ding, Axis, Cyanure, refrain, Fredy K, Antilop SA, Test).
L'interlude "J'Fuck" du Maximum de Phases permet de se faire une idée d'une partie de l'univers de ce groupe assez impertinent, où le thème de tous les trucs à niquer devient une occasion à punchlines, pour laquelle ils remplissent très bien leur office.
"Burning Zone" du même groupe montre tout leur talent dans ce type de sujets légers. Ainsi ici s'imaginent-ils croulant "sous les liasses", avec des meufs "à gogo", réussissant à imposer l'image de deux mecs (machos, des vrais) intéressés seulement par le pèze, la notoriété et les culs féminins.
"Sortie de l'ombre" est une seconde occasion à un mélange des genres et des styles similaire à "Heptagone", cette fois-ci avec Légadulabo et Maximum de Phases ; malgré une prod assez tranquille (boucle de piano), c'est encore un morceau égotrip efficace et bien porté par les quatre MCs.
"7è sens" se démarque par rapport au reste de l'album, et se veut un hommage au ghetto, là où on possède le 7è sens, une manière de vivre, de se comporter, de voir les choses, le tout servi par une production douce et légère, et introduit par des extraits de rap américain.
L'outro "L'Affaire Hot Dog" est la track la plus folle du projet, et c'est Légadulabo qui ont été choisis pour l'interpréter. Sur la musique guillerette d'Arabesque, les chiens policiers Cyanure et Freko doivent enquêter (à contre-coeur) à Cabotville sur le triple homicide de chiens, le coupable est introuvable, mais incapable de résister à sa gourmandise, il se fait pincer à l'étal d'un marchand de hot-dogs "il regrette, il regrette, il regrette". L'affaire est conclue en 1'15, entre 16H28 et 16h29, juste avant "l'heure du goûter". Autant dire qu'en un laps de temps aussi court, les premières fois on y comprend rien, surtout que Cyan et Freko s'enchaînent à un rythme incroyable, et mêlent à leurs voix des bruitages du type aboiements ! Pour finir, le collectif en entier s'assemble pour un concert de "lalalalalalala" complètement gue-din !
Pour finir,album réussi et un des plus aboutis artistiquement, sans doute à placer au panthéon du rap hexagonal (j'Avoue qu'je Kiffe). L'éventail des styles artistiques des membres, pourtant très différents, n'empêche pas leur complémentarité et leur capacité à nous offrir un produit de qualité, qui contribue une fois de plus à faire de 1998 une année myhtique.